Quand la journée commençait bien, elle se terminait généralement mal.
Une fois arrivé au bureau, il ne levait plus la tête de ses dossiers, il ne communiquait avec les autres que par mail ou par téléphone. Plus de sourires, que des voix lointaines et sans visage. L’envie lui venait parfois de noter une petite phrase amicale à la fin de ses mails. Parfois même il la tapait en choisissant attentivement les mots en fonction du destinataire, ou plutôt des noms des destinataires. Il devait en effet leur envoyer des mails régulièrement en ne connaissant d’eux que leur nom : Amélie, i-e, du bureau de Londres était peut-être française, Albert, au nom désuet, était probablement au bord de la retraite. Le rythme de son travail ralentissait alors ; il regardait sa montre, et, bien vite, effaçait la phrase pour coller à sa place la sempiternelle formule de politesse, contrôle C, contrôle V : « Regards ».